Hier soir, j'ai donc mangé à la romaine, c'est-à-dire allongé sur mon coussin d'air en lieu et place d'un canapé mais je n'avais pas de domestique.
Ce soir, la mer bave et tempête
En mitraillant de ses galets
La falaise qui lui tient Tête
Au Toulinguet.
On entend des cris et des plaintes
Dans le roulement des échos
Qui finissent, à voix éteintes,
Au fond des flots.
C'est l'Espagnol qui se lamente,
Vers la plage où coulait son sang
Victime de la mer démente
En d'autres temps.
La tour Vauban monte la garde,
Face à la mer et ses remous,
Face aux anaons dont la harde
S'en vient vers nous.
On entend vibrer des prières
La peur fait se tourner vers Dieu
Dans la chapelle où des lumières
Ouvrent les yeux.
Elle en a tant vu de naufrages,
La vierge de Rocamadour
Que près d'elle on cherche courage,
Paix et amour.
Tout tremble ! La mer bout, cruelle,
Noyant les quais, noyant le port
Plus un homme dans les ruelles
Tout semble mort.
Là-haut croule, pierre après pierre,
Le beau manoir de Coecilian
Victime des vents, de la guerrе,
Où va priant
Saint Pol Roux, mon mentor poète,
Ame du Camaret d'antan
Le vent fou tourne, dans sa tête,
Des flots de sang.
Poème de Jean-Yves Leguen
Anaon est un mot breton qui désigne l'ensemble des âmes des défunts et le lieu où elles se retrouvent.
Sur cette presqu’île de Crozon, ce matin, je termine mon chemin d'hier à la pointe de Dinan, éperon rocheux bravant la mer d’Iroise. La silhouette massive d’une forteresse semble s’y dresser, on l’appelle le château de Dinan. Forteresse de pierres. Sculpté par les vents marins et les attaques des vagues, l’îlot rocheux de la pointe de Dinan évoque la silhouette d’un château, à ne pas confondre avec le "vrai" donjon du moyen âge situé à Dinan. Une arche reliant l’îlot à la terre ferme ressemble à un pont médiéval.
Après avoir traversé les dunes de Lostmarc'h et de la Palue, je monte à l'assaut des falaises de la pointe de la Chèvre.
Maintenant, je vais aller jusqu'à une pinède, surplombant l'anse de St Nicolas, en me frayant un chemin dans les landes de bruyères multicolores et d'ajoncs, souvent en balcon. C'est donc un peu reposé que je m'y arrête pour ma coupure du midi.
Cet après-midi je me faufile dans cette pinède que je qualifierais de calanques bretonnes. Chaque nouveau point de vue concurrence celui d'avant. J'en prends plein les yeux, ce paysage est sublimé par le soleil, de surcroît. La mer comme les rochers jouent de jeux de lumières laissés par les rayons du soleil et les nuages.
Mais tous les plaisirs ont une fin, je vois au détour du sentier le village de Morgat, avec ses maisons colorées puis suit Crozon où j'ai trouvé un terrain de camping à 5 km à la sortie du village, le camping des Abers. J'ai tout de même fait 2200m de dénivelé positif et négatif, pas étonnant que j'ai mis tant de temps pour faire mon étape. Je vais bien dormir.
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