Un petit hommage à mes pieds qui avancent sans broncher sur ces dunes d'où l'on aperçoit, au loin, sur la droite le phare de Corn Carhai.
Petit-déjeuner à la terrasse d'un café du port de Portsall. À marée basse, il semble mort. 9h30, le village semble endormi. Seule la musique jazzy, en sourdine, met une ambiance en couleurs.
C’est debout, sur la pointe du Guilliguy, appuyé sur un dolmen et les yeux fixés sur la mer, qu’il faut aller méditer quand la vie étroite du monde vous blesse ; on devient fort à cet air de l’océan qui vous coule dans la poitrine. On se sent retrempé et vivace.
Sans doute que nos lointains ancêtres l’avaient déjà compris puisque le Guilliguy (ou Guilligui) est avant tout un site mégalithique et même davantage dans la mesure où sur ce lieu mythique se sont succédées différentes civilisations.
Il émerge de la végétation, face à moi. Sa silhouette trapue se lance vers le ciel. Comme si, 700 années après sa construction, le donjon du château de Trémazan envoyait toujours le même message. Un signal de puissance qui avertit les passants ici, en Léon occidental, une incroyable forteresse méconnue, bâtie par une famille au destin singulier, monte toujours la garde.
Marchons encore pour découvrir la chapelle Saint-Samson datée de 1785. Il est très probable qu'avant cette date une ou plusieurs chapelles existèrent sur ce site puisque, dans son prône du 29 mai 1689, monsieur Rannou, recteur de Landunvez, précisait à ses paroissiens "demain, nous irons à Saint- Samson, prier pour les armées du Roi et l'obtention de la paix".
La chapelle a pour saint patron Saint Samson, le deuxième patron est Saint-Yves. Le vitrail récent de la fenêtre nord présente Sainte Anne; le retable date du XVIlème siècle et montre, en sculpture, les 5 joies, les 5 peines et les 5 gloires de la Vierge. L'autel, avec ses décorations, date probablement de la fin du XVIIIème siècle.
Déjà cinq heures trente de marche, je ne vois pas le temps passer. Pospoder, je vais y poser mon popotin à terre pour déjeuner. Mon immanquable petit café dans le port pour un peu de repos et attendre l'heure d'ouverture des magasins pour me ravitailler.
N'y
voyez pas là, l'emplacement de ma tente, mais un four à goémon. Les fours à goémon sont des tranchées creusées dans le sol qui servaient à produire des «pains de soude», obtenus à partir des cendres du goémon récolté, et qui étaient vendus au XVIe siècle aux manufactures du verre puis surtout au XIXe siècle, lors de la deuxième période industrielle de ces algues, aux industries qui en exploitaient l'iode utilisé dans l'industrie de la photographie (iodure d'argent) et le domaine médical (teinture d'iode désinfectant les blessures externes).
Comme souvent je me garde deux heures de marche pour arriver au terrain de camping. Ce soir c'est " Le Tromeur" ouvert jusqu'en fin de semaine.
Je me dis que je suis arrivé à la fin de mon étape, en voyant l'Aber Ildut bien gardé par la batterie équipée de 3 canons de 12 livres identiques du XVIIIème siècle afin de tenir à distance les navires ennemis ou les mettre à mal s'ils tentent d'attaquer les navires de commerce. Un boulet de 12 livres peut transpercer la coque en bois d'un navire à 300 mètres de distance.
Bien gardé également avec ces sphinx, comme à Kéops pour protéger le site.
Camping familial à l'intérieur des terres, mais très calme où je retrouve mes compères, sans doute pour la dernière fois. Étape : 30 km
Cumul : 963 km
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